Né avec une passion pour #Glissertoutsimplement
L'attitude est cruciale. Lugeur invétéré, Robert Fegg le sait mieux que personne.
Embauché pour entraîner le programme de la Corée du Sud aux Jeux olympiques de 2018, Fegg est arrivé à PyeongChang au printemps 2014. L'équipe nationale avait déjà été sélectionnée, basée entièrement sur le potentiel athlétique, non sur l'expérience de glisse. La formation consistait en « parfaits débutants », se souvient-il.
En fait, l'un des participants, quelques mois plus tôt, avait été inspiré par les épreuves de luge aux Jeux olympiques de 2014. Il pensait que le sport était « cool ». En un rien de temps, ce gars - bien qu'il ne soit jamais monté sur une piste - a été ajouté à l'équipe coréenne.
De tout cœur, le jeune homme a relevé le défi, en faisant tout ce qui lui était demandé.
« Extrêmement engagé », observe Fegg. « Il a dépassé tout le monde et est allé aux Jeux olympiques en 2018, puis il est allé aux Jeux olympiques de 2022 à Pékin. »
Une pause. « Cela vous montre jusqu’où l'enthousiasme peut vous mener. »
Cela montre également quelque chose que Fegg, actuel entraîneur-chef d'Équipe Canada, admire beaucoup : des qualités intangibles comme le courage et la détermination.
C’est ainsi que, ces jours-ci, lors de son passage dans les camps d'identification de talent, à la recherche de lugeurs potentiels, Fegg garde l'esprit ouvert. Bien sûr, il cherche des jeunes qui sont physiquement grands, athlétiques, et qui font preuve d’une force explosive, mais il est conscient qu'il ne s'agit pas toujours de recruter les costauds et les sportifs.
Fegg évoque des vedettes telles que l'Autrichien Wolfgang Kindl, cinq pieds cinq pouces, et la Canadienne Arianne Jones, cinq pieds quatre pouces. « Leur aspect physique n’a rien à voir avec ce que nous cherchons chez l'athlète de luge parfait, en termes d'attributs corporels », dit-il. « Mais n’importe quel athlète a la capacité pour réussir tant qu'il est engagé, enthousiaste et passionné par la luge. »
Alors qu'il tente d’élargir la liste de futures étoiles de l'équipe nationale – et alors que Luge Canada vise à rehausser le profil du sport via sa campagne #Glissertoutsimplement – Fegg souligne l'importance de la volonté, qui l'emporte sur presque tout le reste dans la boîte à outils d'un athlète de luge.
« Je dis souvent à mes athlètes : « Le sport de haut niveau peut consister à se torturer du premier au dernier jour », dit-il. « Ce n'est pas toujours amusant, mais si vous voulez vous retrouver au sommet, c'est le parcours qu’il faut emprunter. Pas de raccourcis. Vous respirez le sport, vous faites tout ce qu'il faut pour devenir le meilleur possible. »
Force est d’admettre qu’il y a des obstacles au Canada. Le principal d'entre eux étant l'accès à un seul complexe de glace artificielle - celui de Whistler, après la fermeture des installations à Calgary en 2019.
Mais en faisant écho au sentiment de la haute direction de Luge Canada - le directeur général Tim Farstad, la présidente Alex Gough, le directeur de la haute performance Sam Edney - Fegg affirme que le taux de participation aux sports de glisse reste élevé dans ce pays. « Dans les communautés d’un bout à l’autre du Canada, tellement de gens font de la luge. »
Il entend par là que la transition de l'exercice récréatif à la compétition au niveau national n'est pas aussi cahoteuse que certains pourraient le croire. Fegg insiste sur le fait que les liens de parenté entre les glissades d’hiver récréatives et la luge compétitive sont un formidable outil de recrutement.
« Cela se vend de lui-même : « Vous aimez descendre les collines, vous aimez la vitesse, vous aimez le frisson de la luge, alors que diriez-vous de cela ? C'est un tout autre niveau. Vous allez avoir tellement de plaisir – la poussée d'adrénaline. C'est génial. Il y a tellement d'aspects accrocheurs pour une jeune personne. »
Pour sa part, Fegg a foulé très jeune sa première piste de glace, comme écolier de troisième année en Allemagne, une nation avec une passion pour la luge qui n’a pas d’égal.
« J'étais complètement nul », dit-il en riant. « J'étais si mauvais, vous n'en avez aucune idée. Mais j’ai persévéré. À force de m’entraîner pendant un couple d’années, il s'est avéré que je n'étais pas si mauvais que ça. »
Des appuis? Dès le début, Fegg avait accès à une piste appropriée trois fois par semaine. En Allemagne, la luge - des écoles aux clubs en passant par les districts et le programme national – est bien établie. La sensibilisation n'est jamais une préoccupation. « Il y a un système pyramidal et ils ont une base très large », dit Fegg. « Il y a un grand bassin de talent dans lequel ils peuvent puiser.
» En plus des installations - quatre pistes de glace artificielle - l'Allemagne est riche en histoire et tradition, en ressources d’entraînement et en infrastructures. Il est donc difficile de faire des comparaisons entre les cultures de sport allemande et canadienne.
M. Fegg souligne qu'il y a un arrangement possible qui serait d’un grand atout pour les Canadiens : une collaboration entre les pistes nord-américaines, de sorte qu'en plus de Whistler, les athlètes pourraient glisser sur les pistes à Lake Placid, N.Y., et à Park City, dans l’Utah.
Cela pourrait certainement intéresser davantage de participants à essayer le sport - un élément nécessaire à la relance de la luge au Canada.
En outre, il y a une valeur évidente dans la formation des athlètes de glisse d'élite. Après tout, les performances qui font la une des journaux sont idéales pour inscrire la luge - et les étoiles du sport - dans la conscience collective. « Si nous produisons des athlètes de compétition, dit Fegg, la luge prendra davantage d’importance dans les yeux de tout le monde, les gens en parleront davantage. »
Or, les grands gestes à la poursuite du podium devront attendre pour l’instant. Les athlètes qui ont remporté les seules médailles olympiques du Canada — Tristan Walker, Justin Snith, Gough, Edney — ont pris leur retraite au cours des dernières années. Alors que les Championnats du monde de luge 2025 de la FIL se déroulent à Whistler, du 6 au 8 février, Fegg qualifie de « bien minces » les chances de son jeune groupe actuel.
Pourtant, il reste optimiste. La participation au Canada est bien établie au niveau récréatif. Tout devrait découler de cela. « Si nous réussissons à former un certain nombre d'athlètes qui atteignent leur plein potentiel, nous pouvons prendre le virage de la réussite », déclare Fegg. « Si nous trouvons des façons vraiment créatives de faire les choses et de faire passer le mot, alors tout est possible. J'y crois vraiment. »
Tout comme l'histoire nous l'a montré.