
Pour Marlene Vierboom, les championnats du monde de luge sont une grande réunion de famille
S’étant inscrite comme bénévole, Marlene Vierboom s’est lancée à corps perdu dans sa première tâche.
Armée d’un dispositif spécialisé, elle s’est mise à la tâche de prendre la température des patins des luges de compétition lors d’un évènement au Parc olympique canadien à Calgary. L’acier chauffé procure un avantage illégal, d’où la nécessité d’un tel contrôle juste avant la descente. Elle arpentait la zone de départ en mesurant la température des aciers.
« C’était un travail sérieux mais en même temps très agréable parce que j’avais la chance de bavarder avec les entraîneurs, de circuler dans les coulisses, d’apaiser l’anxiété des participants, » se souvient Vierboom. « On voulait quelqu’un d’amical dans ce rôle. »
Cette entrée en douce dans le monde des officiels de la luge a eu lieu en 1992.
Elle a trouvé l’expérience fascinante et elle y excellait, s’y épanouissait.
« Je me suis frayé un chemin dans une série de rôles progressivement plus responsables, comme la pesée des luges et des compétiteurs, » dit Vierboom. « Il y a toute une progression. »
Dans les décennies qui ont suivi, elle a relevé avec brio les rôles de plus en plus spécialisés et responsables — chef de zone de départ, chef de zone d’arrivée, directrice de la compétition, membre du jury et présidente du jury.
Aux championnats du monde FIL de luge 2025, les 6-8 février à Whistler, C.-B., Vierboom préside le jury de la compétition; c’est la plus haute autorité sur le terrain. Ce jury de trois personnes est chargé de trancher sur tous les protêts et différends. Les décisions du jury sont définitives et sans appel.
« C’est un poste très prestigieux, » observe Vierboom. « J’ai très hâte. C’est une occasion en or pour moi en tant qu’officielle. »
La résidente de Calgary est le choix tout indiqué pour remplir le rôle, apportant une feuille de route bien remplie.
Vierboom, qui a exercé la fonction de directrice adjointe de la compétition aux Jeux olympiques de Vancouver en 2010 et de directrice de la compétition aux championnats du monde 2013, a été l’une des premières femmes à atteindre les derniers échelons de l’arbitrage de luge. « C’est toujours la chasse gardée des hommes, mais cela a grandement changé au cours des dernières années, » dit-elle. « Les premières 10 ou 20 années de mon temps dans le sport, j’étais parmi les seules. Luge Canada a certainement joué un rôle de pionnier pour les directrices de la compétition, cela ne fait pas de doute. »
Elle a également travaillé à des évènements de grande envergure à Winterburg et à Oberhof en Allemagne et à Lake Placid, dans le New York.
Actuellement présidente du comité des officiels de Luge Canada, elle s’est livrée à un remaniement du programme de formation des officiels. « Je m’efforce en permanence d’améliorer les programmes et les formations, » souligne Vierboom, diplômée universitaire avec une mineure en éducation des adultes.
Au-delà de son rôle de surveillante pour la FIL — elle est certifiée pour former les officiels au niveau international — elle est vice-présidente des opérations de l’Alberta Luge Association « parce que je souhaite nourrir le feu – j’œuvre activement à augmenter la participation, et je collabore avec des organisations en vue d’attirer plus d’athlètes dans ce sport. »
Les contributions remarquables de Vierboom ne sont pas passées inaperçues.
L’été dernier, la FIL lui a décerné sa Médaille d’argent d’honneur en reconnaissance de ses services dévoués de bénévole. « C’était un très grand moment pour moi, » remarque-t-elle. « Je me sens à la fois humble et honorée par ce signe de reconnaissance que j’ai joué un rôle dans la progression de ce sport au cours des 30 dernières années. J’étais comblée de bonheur. »
Mais attention, cet honneur ne veut en rien mettre un point final sur sa carrière de bénévole.
Vierboom compte continuer sur ce chemin – et rester très active – pour encore une bonne dizaine d’années.
« Je veux continuer comme officielle — c’est un métier qui me définit, » affirme-t-elle. « Si jamais la passion ou l’enthousiasme commencent à s’essouffler, je trouverai d’autres trucs à faire. Mais après toutes ces années, je suis toujours aussi passionnée. C’est génial. C’est du fun. »
Il y a une autre raison qui la motive à continuer — le sport est à l’aube d’une période de croissance. « Nous rehaussons le profil de la luge et attirons les spectateurs. Je veux vivre cette émergence tant attendue. Ce que la plupart des personnes ignorent c’est que la luge est le sport de glisse le plus rapide du monde. »
Jusqu’à date, la luge a été pour elle une grande aventure.
Bien qu’elle n’ait jamais pratiqué la luge, Vierboom a un frère, Don, qui a remporté le titre de champion canadien de luge sur piste naturelle et qui a présidé l’association nationale de luge. En 1988, quand un de ses camarades de chambre, Bob Gasper, a compétitionné en luge aux Jeux olympiques de Calgary, elle a acheté des billets afin de regarder la course depuis les tribunes.
« Cela m’a inculqué une véritable passion pour la luge, » affirme-t-elle. « J’ai eu la possibilité de voir de mes propres yeux ce sport rapide et grisant, et d’encourager mon ami sur la piste. »
Depuis lors, année après année, son dévouement à la luge prend de l’ampleur. De son point de vue, le sentiment de communauté qui s’en dégage est palpable.
« C’est ma famille d’hiver, » dit Vierboom. « Les officiels, les enfants, les parents, Luge Canada, l’organisation internationale. C’est un environnement qui a une ambiance familiale. On renoue avec ces amis, avec cette famille à chaque nouvelle saison. Les liens se renforcent. Pour moi l’aspect le plus gratifiant est les personnes à tous les niveaux de la luge. On ne se voit pas pendant six mois puis on se retrouve et on reprend le fil sans même y penser.
« C’est l’esprit de famille, de travail d’équipe; on a tous la même mission d’organiser des compétitions équitables et d’assurer que les athlètes participent en toute sécurité. »
Pour Vierboom, c’est ce qui la motive dans son rôle d’officielle — assurer des conditions optimales de participation à tous les lugeurs et lugeuses. « Je dis toujours ‘il ne s’agit pas de nous, il s’agit des athlètes.’ »
Elle considère le bénévolat comme un moyen d’avoir un impact positif sur la communauté et de renforcer en même temps ses connaissances techniques et de vivre au plein sens du mot le paradis hivernal.
« J’aime travailler aux compétitions, » remarque Vierboom. « J’aime toute l’expérience de la course : les participants, le chronométrage, les vues et les bruits. J’aime être à l’extérieur pendant plusieurs heures. Rien de mieux n’existe. »