
Ils maintiennent un rapport avec leurs racines : Trinity Ellis et Theo Downey sont une grande source d’inspiration pour
Le fait d’être des compétiteurs de luge haut niveau n’est pas le seul point commun pour les coéquipiers Trinity Ellis et Theo Downey.
Les deux athlètes canadiens sont très fiers de leurs racines autochtones, en dépit d’habiter assez loin de la terre d’origine.
Membre de la Première nation Mi'kmaq de Terre-Neuve, Downey a grandi à Airdrie, en Alberta. Ellis, dont la famille s’est établie à
Pemberton, en Colombie-Britannique, a des liens avec les Métis Settlements en Alberta.
« C’est une facette de mon être que je suis toujours en train de déchiffrer, pour en saisir la signification dans ma vie à moi, » déclare Ellis, 22 ans. « Je sais depuis toujours que nous sommes de souche métisse, mais je n’ai pas grandi au sein de cette communauté. Ce n’était pas un thème que nous abordions souvent.
« Mais à mesure que je grandis, et que le reste de ma famille fait des efforts pour renouer avec cette culture, j’apprécie vraiment cette possibilité de me renseigner. »
Downey, lui aussi, s’intéresse fortement à son patrimoine ancestral.
Le jeune homme de 19 ans et sa mère Stephanie purifient la maison en brûlant des herbes douces, et ils ressentent un lien intime avec la nature. À l’occasion de sa cérémonie de remise de diplôme à l’école secondaire George McDougall, il a tressé ses cheveux longs, non seulement pour les refouler sous le mortier mais également en signe d’hommage à son patrimoine.
« J’en suis très fier, » affirme Downey, en ajoutant que son arrière-grand-père était un Aîné respecté, reconnu pour avoir fait redécouvrir l’art ancestral de tressage de paniers d’épinette. « Je suis fier que je me permets d’être fier de mon patrimoine, sans crainte de contrecoup ou de réaction défavorable. »
Sans surprise, le Mois national de l’histoire autochtone, célébré tout au long du mois de juin, trouve un écho avec Downey, qui affirme que la célébration annuelle de l’histoire, de la diversité, des traditions, des réalisations et de la résilience est quelque chose qui lui tient à cœur.
« Cela ramène sur le devant de la scène la possibilité de se renseigner sur les nombreuses cultures autochtones à travers le Canada, » observe Downey. « En même temps, cela vient souligner l’importance de réfléchir à l’histoire des peuples autochtones, bonne et mauvaise. On ne peut pas réécrire l’histoire après coup, cependant l’acte de reconnaître les fautes et les manquements est un premier pas positif en vue de remédier à ces atrocités en les empêchant de se reproduire. »
Au-delà de leur pouvoir comme modèles de rôle dans leurs communautés respectives, ces deux ados se font démarquer à l’échelle internationale, sur le circuit de compétition.
Ellis, qui n’avait même pas soufflé ses 20 bougies quand elle a contesté ses premiers Jeux olympiques en 2022 à Pékin, s’affirme comme leader au sein de la formation canadienne de luge. La saison dernière, Downey a mis la main sur une médaille de bronze aux relais par équipes lors du Championnat du monde, à la maison à Whistler, C.-B. En décembre dernier, il a réalisé deux podiums en autant de jours en Coupe du monde junior en France.
Les résultats sont d’autant plus impressionnants que le chemin pour y parvenir n’est guère facile pour personne. « Puis en considérant les obstacles auxquels se heurtent bon nombre de jeunes autochtones, cela relève encore plus du défi, » soutient Downey. « Pour cette raison, je crois qu’il est particulièrement important de reconnaître ces réalisations et de les célébrer. »
Ellis remarque que l’accès au sport est un enjeu au Canada, spécialement pour les jeunes autochtones qui habitent souvent en régions éloignées.
Raison amplement suffisante pour elle de faire des efforts sincères d’assumer pleinement le rôle de figure de proue et de raconter son parcours dans le but de donner de l’inspiration aux élèves.
« J’ai fait des visites dans les écoles secondaires de la région, et c’était une expérience géniale. Il est vraiment agréable de parler avec les jeunes, » dit Ellis qui, au cours de la dernière année, a commencé à travailler avec Classroom Champions, un programme de mentorat reposant sur les expériences d’athlètes de classe mondiale. « J’ai fait des présentations dans plusieurs écoles à travers le Canada, surtout des écoles pour Autochtones, et cela a été vraiment spécial. »
Dans l’intervalle, elle continue de se renseigner sur ses racines et ses ancêtres.
Récemment, Ellis a visité l’Alberta pour localiser le cimetière où reposent ses arrière-arrière-grands-parents. « Notre famille habite cette région depuis longtemps. » Elle a fait le trajet en voiture à une heure au nord-est d’Edmonton, à Métis Crossing et le tracé historique Victoria Trail. « C’est plutôt sympa, » remarque-t-elle. « Tu arrives dans ces endroits et tu vois des photos du 19e siècle, et tu te dis, mais c’est un parent à moi. Une drôle de sensation. »
Chez elle à Pemberton, sa mère Shannon maîtrise les techniques de perlage et de fabrication de mocassins. « J’essaie d’apprendre auprès d’elle, » dit Ellis. D’autres membres de sa famille sont des chasseurs passionnés.
« Je me sens en sécurité, sereine quand je cultive les liens avec la terre et la nature, » affirme Ellis. « C’est une dimension de ma vie qui revêt depuis toujours une importance particulière. C’est un moyen de me rapprocher de cette culture. Je suis issue d’une société de chasse et de cueillette, donc je veux me renseigner sur tout cela, apprendre auprès de mes grands-parents.
« Ça fait du bien de représenter nos origines et de reconnaître notre histoire, notre culture et notre communauté. »