Luge Canada

L’esprit olympique est une force qui propulse la lugeuse albertaine Scarlett Jochumsen

Si vous passez par Calgary, ne vous étonnez pas si vous voyez une jeune femme sur une luge à roulettes, en train de dévaler un chemin abandonné. Ou bien cette même fille au beau milieu du Lac Chestermere, étendue sur une planche à pagaie, en pagayant avec les bras, à contre-courant.

Pour changer les choses, de temps à autre elle enfile des gants à points, se met sur sa luge et rejoint les joueurs de hockey et les patineurs artistiques sur les patinoires du Parc Winsport.

Quand on est un jeune athlète qui aspire à devenir un lugeur d’élite, et que l’on habite loin d’une piste de glace, on doit exercer sa créativité.

C’est précisément l’enjeu pour Scarlett Jochumsen et de plusieurs autres jeunes athlètes de glisse.


Jochumsen fait partie de la première cohorte d’athlètes de glisse canadiens qui ne disposent pas des installations de luge du Parc olympique canadien – la piste de glace a été fermée définitivement en 2019. En dépit de ce désavantage, la jeune athlète de 14 ans trouve sa voie avec brio.

Effectivement, Jochumsen vient de décrocher son troisième titre national d’affilée à Whistler, C.-B. — elle a remporté la victoire en catégorie cadettes B en 2024 et en 2025 et en cadettes C en 2023.

« Je suis contente de mon résultat. C’était une bonne performance, » affirme Jochumsen, étudiante de la 9ème année à l’école Vincent Massey. « Cela me rassure que tout l’effort investi porte son fruit. »

Jochumsen et sa famille font des pieds et des mains pour poursuivre cette carrière de luge.

Elle fait comme elle peut à Calgary — en travaillant à améliorer ses compétences aux départs lors des séances peu orthodoxes sur les chemins abandonnés, le lac ou la patinoire, et en affinant la technique de glisse dans des entraînements focalisés aux installations Ice House du Parc Winsport où, même en l’absence d’une piste de glace, il y a des pentes non glacées et des luges à roulettes comme solution de rechange.

« Même si je n’ai pas la possibilité de glisser tous les jours, il existe toujours des moyens de continuer de progresser, » soutient Jochumsen. « Il faut apporter de la passion et de la détermination, et il faut être disposé à travailler dur. Bref, vous avez besoin de beaucoup de motivation. »

Grâce au soutien de l’Alberta Luge Association, elle fait cinq visites à Whistler chaque hiver, pour avoir une expérience de glisse immersive, sur une piste de glace de compétition.

« Pour accéder aux plus hauts sommets d’excellence, il est indispensable d’obtenir autant d’expérience pratique que possible en descendant une piste de glace, » explique son père, Chad. « Nous faisons jusqu’à 150 descentes par année, tandis que les jeunes en Colombie-Britannique en arrivent à 350. Ce n’est pas la voie la plus facile à entreprendre, mais il faut s’engager dans le processus, vous voyez? »

C’est là le grand défi, le fait qu’il ne reste qu’une installation de luge au Canada.

Cela étant dit, Jochumsen fait figure d’exemple à suivre.

« Elle progresse très bien et son avenir s’annonce très prometteur, » dit Sam Edney, directeur de la haute performance chez Luge Canada. « De mon point de vue, cela montre à quel point l’esprit olympique s’est implanté à Calgary. Les Calgarois s’identifient toujours avec les Jeux olympiques, et ils incarnent le legs des Jeux – tout ce qui leur manque est les moyens d’accéder au sport et d’en bénéficier. »

Plus jeune, Scarlett s’adonnait à la gymnastique.

Mais durant la pandémie de la COVID-19, elle n’a pas pu pratiquer son sport de prédilection. Un jour, ses parents ont vu une publication sur Facebook à propos d’une séance d’initiation à la luge qui avait l’air intéressant. Il en est ainsi que, en 2020, Jochumsen a fait sa première descente d’une piste de neige aménagée sur la pente de ski du Parc olympique canadien.

« Les détails m’échappent. Je me souviens de la difficulté, » dit-elle. « Â cet âge, les poussées d’adrénaline sont exhilarantes, et pour moi c’était tout simplement faire de la luge au sens classique, mais plus rapidement, sur une luge plus aérodynamique. »
Son père ajoute : « Elle s’est éprise de l’activité et nous en avons fait une habitude. »

Sur sa piste de neige à Calgary, la jeune Scarlett n’avait pas de vision du sport de luge sous sa forme d’élite, donc un jour Chad lui a montré une compétition à la télé.

« J’ai réagi comme : ‘Mon dieu que c’est rapide!’ Cela ne ressemblait en rien aux descentes de la piste de neige, » dit Jochumsen en riant. « J’étais tellement jeune et je n’avais aucune idée des vitesses qu’on pouvait atteindre. »

Ces vitesses, elle n’a pas tardé à les découvrir personnellement. L’hiver suivant, du haut de ses neuf ans, Jochumsen a fait sa première visite à Whistler.

En haut de la piste, elle s’est allongée sur une luge de compétition. Elle se souvient que cette luge était de couleur violet.
En bas de la piste, Chad faisait les cent pas anxieusement. « C’était la panique parentale, pure et dure. »

Il a tiré deux souvenirs importants de la première descente d’une piste « réelle » par sa fille : premièrement, la vitesse de pointe, annoncée à 82 km/h, et deuxièmement, le sourire fendu jusqu’aux oreilles qu’elle portait à la ligne d’arrivée. 

Cette scène s’est déroulée il y a quatre ans, et Jochumsen atteint maintenant les 118 km/h. Elle a dans sa visée une place au sein de l’équipe nationale junior et éventuellement une nomination aux Jeux olympiques d’hiver de la jeunesse 2028.

« Dès le début, Scarlett et toute sa famille apportaient tant d’enthousiasme et de passion à la luge, » déclare Edney. « Je me souviens clairement de l’expression de joie à son visage après ses premières descentes de la piste de neige, même s’il s’agissait essentiellement d’une version légèrement accélérée d’une activité d’hiver que tout le monde fait. Maintenant, elle se creuse une place de figure de proue parmi nos athlètes cadets et je suis enthousiasmé pour son avenir dans le sport. »

Déjà inscrite à l’École nationale du sport à Calgary pour l’année prochaine, Jochumsen est fière du chemin qu’elle a tracé, surtout en considérant les défis évidents.

​​​​​​​« Je n’avais aucune idée que j’accéderais à ce niveau. Je suis super contente de ce que j’ai réalisé jusqu’à date. »